Le gros temps est un sujet majeur qui mériterait des centaines de pages (que d'autres ont déjà écrit) ... mais surtout une expérience de terrain qui ne s'apprend pas dans les livres. Nous nous limiterons donc ici à rappeler aux aspirants navigateurs désireux d'améliorer leur maitrise nautique quelques fondamentaux destinés à éclairer un peu leur chemin vers l'autonomie.
Sept, huit, neuf, dix beauforts... force est de constater que le gros temps ne pardonne pas les petites erreurs qui passent souvent inaperçues par vent moyen. D'où une obligation de « naviguer propre » et de bien encadrer les équipiers débutants quand les manœuvres deviennent potentiellement dangereuses : un bout mal lové, une écoute choquée trop tôt ou un geste mal assuré pourraient vite, à peu de choses près, vous « coûter un bras » (même si ce n'est pas le vôtre) quand votre responsabilité de chef de bord est engagée !
Heureusement les plaisanciers ne sont pas des kamikazes et ce sombre tableau peut largement être évité grâce à une bonne préparation. Anticipation, quand tu nous tiens... Ajoutons que lorsque le bateau et l'équipage sont en sécurité, on peut aussi prendre du plaisir à naviguer dans le gros temps. C'est pourquoi nous ne saurions trop conseiller aux débutants de faire l'effort d'affronter le gros temps en situation de formation, pour ne pas se trouver fort dépourvus quand la bise sera venue...
Si vous êtes plutôt cigale, vous devrez vous transformer en fourmi. Pour aller loin en mer, mieux vaut garder les pieds sur terre !
Quelques conseils pour préparer l'arrivée du gros temps
1-Préparer la route
-croiser les données météo et choisir la route du bateau. En croisière côtière il est parfois intéressant de rester en mer plutôt que de tenter une entrée de port dans des conditions délicates ;
-prévoir des solutions de repli ou identifier des abris potentiels si vous êtes proche des côtes.
-prévenir éventuellement les proches ou le sémaphore le plus proche de votre situation en vue d'une surveillance radio à titre préventif
2-Préparer le bateau
-tout ranger et caler dans le bateau pour éviter le vol impromptu d'objets non radiocommandés
-vérifier l'état des voiles, du gréement dormant (haubans, ridoirs, cadènes), du gréement courant (usure des bouts, poulies et bloqueurs), mais aussi du système de gouvernail (drosses de barre, safran etc.), sans oublier une petite inspection du moteur.
-passer en revue le matériel de sécurité : lignes de vie, gilets et longes, pharmacie, feux à main, fusées parachutes et fumigène s'il y en a, état du mouillage, bout de remorquage, fixation du radeau de survie et procédure de mise à l'eau, matériel de communication, pompes de cales électriques ET manuelles, extincteurs, jeu de pinoches, etc...
3-Préparer l'équipage
-s'assurer que tout le monde soit dans les meilleurs conditions physiques possibles pour affronter le gros temps. Chacun doit donc se reposer au maximum au préalable.
-bien manger est également très important pour garder la forme et le moral. Ne pas hésiter à préparer en quantité un plat consistant, si possible agréable et facile à faire réchauffer. L'idéal est une cocotte-minute avec un couvercle verrouillé qui n'ira pas se renverser dans une embardée.
-briefer chacun sur ce qu'il a à faire en quart, hors quart et dans les procédures d'urgence
Un peu de lecture
Navigation par gros temps, Adlard Coles, Peter Bruce (Ed. Gallimard, 2010). Le grand classique du genre. Mieux qu'un thriller mais plus cher qu'une place de cinéma, on l'achète pour la vraie pratique de l'auteur sur la « baston ».
Le cours des Glénan (Ed. Seuil, 2017). La « bible » de la navigation.
Gros temps, tactique, manœuvres, Alain Grée (Ed. Gallimard, 1984). Un classique !
A l'aise par gros temps (Hors-série Voiles et Voiliers n°49). Du concret adapté aux plaisanciers débutants.
